Ceux qui aimaient écrire
Illustration réalisée par @coucouaurelien
Voici les trois nouvelles finalistes de la première édition du concours d’écriture érotique “Ceux qui aimaient écrire”.
Pour rappel les contraintes de cette édition 2021 étaient :
Écrire : une nouvelle érotique
Sur le thème : œuvre d’art
Le dernier mot : rouge
Nombre de mots limités : 700
Nous avons reçu 262 participations. Les nouvelles ont été numérotées et notées selon trois critères : l’érotisme, le style et la qualité d’écriture, l’originalité.
Les membres du jury sont : @wi_cul_pedia @coucouaurelien @celle.qui.aimait
Je vous laisse maintenant découvrir les 3 nouvelles finalistes, on commence par la gagnante
L’homme au bouquet
Écrit par Clara Staïcu @clarastaicu_
Elle me regarde. Droit dans les yeux. Peut-être qu’elle trouve le café dégueulasse, elle aussi.
Je ne sais pas pourquoi on vient si souvent. Elle dit que c’est pratique, qu’on n’a qu’à monter deux étages pour être chez elle. Parce qu’elle tient à sortir, quand même. C’est bizarre. On pourrait simplement se retrouver là-haut et baiser. Peut-être qu’elle l’aime bien, ce café.
J’ai l’impression qu’on s’est téléporté dehors. Elle se retourne – me regarde. Elle touillait dans sa tasse deux minutes plus tôt. Où est passé le temps ?
C’est quelque chose qu’elle fait souvent, se retourner. Et à chaque fois, elle me sourit. Mais elle a quelque chose de changé aujourd’hui. Dans ses yeux. Sa démarche.
Je m’arrête une seconde. Elle est belle. Vraiment belle. J’avais presque oublié.
On est déjà dans son hall. J’ai monté les escaliers ?
Elle se déshabille – ou plutôt, jette ses vêtements sur le sol. Elle n’a gardé que sa lingerie. Elle aime ça, me faire son petit effet. Et ce frisson qui m’envahit quand elle dévoile le galbe de son buste lui donne raison. Dire que je pense parfois la connaître par cœur... Menteur.
Sa taille, sa nuque, la chute de ses reins… Elle sort tout droit d’un tableau de Poussin. C’est une putain de bacchante.
Bandante.
Et tout se mélange : sa peau, ma peau ; sa fièvre, ma fièvre ; sa langue, ma queue.
Le temps s’évanouit.
Arquée dos à moi, ses courbes transcenderaient jusqu’à la cambrure de la Danaïde.
Sous ma langue, elle devient Vénus et Galatée. Et pourtant, c’est moi qui nais à chacun des déchainements de la mer de son plaisir, là, disciple enivré, dévoué à son origine du monde.
C’est la première fois que j’ai le sentiment d’être artiste dans ses bras, au creux du cosmos de ses reins. C’est la première fois que je prends le temps de m’esquisser en elle avant de la posséder. Je sculpte notre fusion, dans l’albâtre de son bassin, mes yeux dans les siens – et, enlaçant ses doigts, j’érige nos mains en cathédrales.
Puis c’est à mon tour de lui appartenir. Elle ondule contre moi, et j’en ai la certitude : cette femme qui me chevauche n’est pas offerte ; elle est conquise. Et elle conquit. Je suis son territoire. Elle m’assiège, me domine de ses hanches – et j’aime. J’aime son sexe qui perle de luxure contre le mien. J’aime ces spasmes qui l’assujettissent quand je réponds à ses vagues – régissant nos râles. J’aime ses bras tremblants, incapables de la soutenir davantage ; j’exulte quand elle se laisse retomber sur moi.
Ses seins dans ma bouche.
Délectation.
Je crois que c’est notre première fois. La première fois qu’on fait l’amour. Des mois à se baiser sans fusionner ; mais ce soir j’ai joui en elle. Avec elle.
On est déjà en bas. Dans la rue. Quand est-ce que je me suis rhabillé ?
Au revoir, elle chuchote, avant de m’embrasser. Nirvana. Je crois qu’elle vient de me refaire l’amour, en un seul baiser.
Son visage rompt son alliance avec le mien. Je réalise que ses lèvres ont encore le goût de café. Il est peut-être pas si mal celui-là, finalement. Qu’est-ce qu’elle est belle aujourd’hui.
Elle sourit, c’était notre dernière nuit, qu’elle lance, c’est fini, rentre bien. Elle est partie. Sans se retourner.
Et moi j’ai compris que j’étais con ; compris qu’elle ne me regarderait plus.
Elle m’a laissé là, comme d’habitude, devant le café en bas de chez elle, et depuis je me sens comme un gosse perdu dans un supermarché. Comme un étudiant en retard qui cherche une sortie à Châtelet. Comme Thésée dans le labyrinthe.
Mais pour moi, il n’y a pas de maman. Pas d’agent de la RATP. Pas d’Ariane. Rien. Rien qui puisse m’aider ; personne à retrouver.
J’ai livré bataille sans le savoir, ce soir-là. Et j’ai perdu. De mes pommettes à mon cœur, elle a tout laissé en sang.
Alors depuis elle, je me sens James Colomina. Depuis elle, je suis l’homme au bouquet. Et tout ce que je touche imite mes joues, imite son sexe offert à ma bouche. Jusqu’au soleil qui meurt lorsqu’il se couche. Depuis elle, tout est rouge.
Le peintre et l’artiste
Écrit par Marie M. @reve.decriture
Je la cherchais des yeux, la terrasse du bar était bondée, comme à chaque printemps. Je savais qu'elle ne me reconnaîtrait pas avec mon masque sur le nez, nouveau look indispensable. Je regardai, une table après l'autre, et la vis enfin.
La tête penchée sur un roman, ses longs cheveux effleuraient la couverture, dans une robe blanche où une bretelle tombant sur son bras, laissait entrevoir le début d'un sein.
- Salut ! dis-je en enlevant mon masque et en m'asseyant. Il y a tellement de monde, encore un confinement en vue !
Elle ferma son livre.
- Oh, parle pas de malheur, je suis à deux doigts de perdre mon boulot
- Comment ça ?
- C'est probable qu'ils réduisent le budget des rénovations d'œuvre au musée… Après des mois sans aucune visite… Étant la dernière arrivée… D'ailleurs tu veux pas que je te montre sur quoi je travaille ? Je suis toute seule lundi, mes collègues ont un colloque à Lyon.
- Carrément ! Je travaille jusqu'à 15h, mais ça serait cool que je passe après."
Le lundi, elle m'attendait à l'arrière du musée, pour me faire entrer par une porte de service, qui donnait sur un long couloir. Nous descendîmes deux étages, passâmes devant une multitude de tableaux aux couleurs fanées, de statues abîmées, avant d'arriver à un atelier disproportionné.
Elle m'invita à poser mon sac et ma veste. J'eus un frisson en l'enlevant. Il ne faisait pas particulièrement chaud, je sentis la pointe de mes seins se contracter, mes tétons frottant durement contre le tissu de ma robe.
Elle s'était adossée à une grande statue couverte d'un drap et je crus voir son regard s'attarder sur ma poitrine.
- Regarde, dit-elle en retirant le drap.
C'était la statue d'un peintre, nu. Il tendait son pinceau de la main gauche comme pour prendre des mesures, tandis que la droite, écartée de son corps, tenait la palette de peinture. Il était dans une position de fente, la jambe gauche pliée en avant, l'autre tendue en arrière. Et au centre… son pénis en érection.
- Je croyais que les statues n'avaient que des petits oiseaux.
- Ça dépend des époques… et des artistes.
Je m'approchai pour observer l'œuvre. Elle prit ma main et la posa sur la verge. Mes doigts glissèrent le long de l'engin, appréciant la douceur du marbre. Je frissonnai de tout mon corps alors que les doigts chauds de mon amie relevaient ma jupe et se posaient sur mes fesses. Ils passèrent sous ma culotte, et par derrière, vinrent caresser mon clitoris déjà tout humide.
Elle me retourna et me fit asseoir sur la cuisse du peintre. Se mettant à genoux, elle enleva ma culotte et embrassa à pleine bouche mon intimité, promenant sa langue le long de mon clitoris, une de ses mains sur mes fesses, l'autre tirant mon débardeur, exposant et caressant mes seins.
J'étais aux portes de l'extase, je la vis se redresser, embrassant mon ventre, léchant mes tétons, puis glissant sa langue dans ma bouche, les lèvres encore toutes mouillées de cyprine.
J'essayai de la déshabiller à mon tour, mais elle repoussa mes mains :
- Je n'en ai pas fini avec toi…
Elle me mit debout, m'embrassant toujours, ses mains survolant mon corps. Elle me fit reculer, jusqu'à sentir le marbre dur du torse du peintre dans mon dos. Je frissonnai d'autant plus, prise entre le froid de la statue et la peau brûlante de mon amante. Le pénis du peintre était contre mes fesses. Elle m'inclina légèrement afin qu'il soit à l'entrée de mon vagin.
- Je peux ? me dit-elle, avec un regard de feu.
- Oui …! murmurai-je
Je sentais ma sève couler entre mes cuisses tellement l'excitation était forte. Je reculai un peu plus, la statue entra en moi pendant qu'elle descendait à nouveau s'occuper de mon sexe avec sa langue. Ses mains sur mes hanches, les invitant à un va-et-vient au rythme de ses lèvres, le phallus de pierre froide s'enfonçant profondément en moi, je jouis très vite, d'un orgasme long et puissant. Je restais ainsi, empalée, pantelante. Elle me prit doucement dans ses bras, m'embrassant tendrement, caressant mes joues que le plaisir avait rendues rouges.
Frémissante nature morte
Écrit par @jaune_ananas
Inlé et Elio m'attendent pour le souper. C'est la quatrième fois que nous nous voyons tous les trois. Nous nous sommes rencontrés quelques semaines plus tôt lors d'une exposition sauvage. Ce sont des artistes que je trouve très talentueux. Très vite, une complicité érotique s'est installée entre nous.
Nous aimons beaucoup passer du temps ensemble et bronzer cul nu au bord du lac. Les températures ont brusquement chuté. Alors, pour la première fois, je me rends chez eux. Je me réjouis de les retrouver.
J'arrive essoufflée devant la porte de l'appartement. Je ne voulais pas être en retard. Je sonne. Inlé m'ouvre avec un large sourire. Quelle belle personne. Une délicieuse odeur de nourriture embaume l'appartement. Je retire mon manteau. Je les serre dans mes bras.
Sans dire un mot, Elio me caresse le visage, passe la main dans mes cheveux et m'amène vers ce qui semble être la salle à manger. Quelques bougies colorées et une toile habillent la table. Je remarque qu'il n'y a que deux chaises et deux couverts. Il me bande les yeux. Mon cœur se met tout à coup à battre à toute vitesse. Je suis fébrile. Je commence à avoir sacrément chaud. Un jeu de caresse à quatre mains commence. Je sens des lèvres sur mes épaules, des doigts qui arpentent mes jambes. D'autres mains me dévêtissent. Je suis entièrement nue à présent. Ils me font avancer dans la pièce. J'ai perdu toute notion d'espace. Milles idées fusent dans ma tête et je comprends dès que je touche la table.
Ils m'y allongent délicatement. Mon corps tout entier est traversé de frissons. Je sens un souffle chaud dans ma nuque puis j'entends la douce voix d'Elio :
- As-tu faim ?
Je réponds que j'ai faim d'eux. Il me susurre à l'oreille que le repas va bientôt être servi. Inlé et Elio se mettent à table. Tous mes sens s'éveillent. J'analyse chaque bruit que j'entends. Des couverts qui s'entrechoquent, du liquide versé dans un verre – sûrement du vin. L'un d'eux pose de la nourriture sur mon pubis, sur mon ventre puis sur ma poitrine. C'est chaud et si crémeux. Une sauce épaisse et presque brûlante coule le long de mon corps ici et la. Je suis envahie de sensations nouvelles et oh combien délicieuses. Puis sur mon cou, je sens un aliment froid et mouillé. La sauce dégouline jusqu'à l'arrière de ma nuque et me chatouille.
Inlé pose le doigt sur ma bouche, l'entre ouvre et y dépose de la nourriture chaude. Ils ont préparé du risotto aux champignons. Mon plat favoris. Je ne sais toujours pas quel est l'aliment froid sur mon cou. A chaque fois que de la sauce coule, une langue me lèche goulûment. Les deux me font manger tour à tour. J'ouvre simplement la bouche quand je souhaite en avoir plus. Parfois, ce n'est pas de la nourriture qu'ils y déposent mais un téton durci ou un sexe aussi chaud que le repas. Je savoure ce moment unique et précieux. Elio trouve que je suis une très belle assiette, chaude et frémissante au contact de la nourriture.
- Ce repas a si bon goût, dit Inlé.
C'est aussi ce que je pense, tout a une saveur si particulière. Le goût de l'intimité.
Après un moment, ils me retirent le bandeau. Je peux enfin voir le beau tableau et les regarder manger sur moi. Mon corps est reluisant et taché. Les poils de mon pubis brillent à la lueur des bougies.Je suis si excitée, si mouillée. L'expérience est tellement intense. Je ne veux absolument pas sortir de table.
Elio se lève et se dirige vers la cuisine. Le repas se termine déjà ? Je sens comme une tristesse m'envahir. Inlé remarque ma mine, me sourit et me dit :
- Pour le dessert, crème vanille et délice de poires épicées au vin rouge.