Le livreur - Partie I

Aperçu

[Attention, il s’agit d’un récit à caractère érotique et pornographique. Ce récit peut heurter le jeune public ou les personnes sensibles]

Reçue, envoyée

L’interphone se met à résonner dans mon appartement. Je déteste ce bruit, il me fait sursauter à chaque fois. Il me semble que je peux régler le volume, mais je ne l’ai jamais fait. En fait j’oublie qu’il faut que je le fasse et à chaque fois que quelqu’un sonne je m’en souviens. C’est comme apporter du lubrifiant à un rencard, j’oublie qu’il faut absolument que je le fasse et quand je me retrouve au lit avec un Crush, je m'en souviens…

Je décroche :

- Oui ?

- C’est le livreur.

- Je vous ouvre, deuxième étage.

Je suis super stressée, j’ai faim. J’ai super faim, mais pas de la pizza qu’il est en train de m’apporter. S’il savait qu’il ne vient pas juste pour me livrer…

Cette histoire, ça a commencé ce matin. On est samedi, je me réveille doucement et je suis en sueur. Je me souviens à moitié de mon rêve érotique, je crois que j’étais dans un supermarché au rayon fruits et légumes en train de baiser avec le directeur du magasin. Les clients nous regardaient en lui proposant d’utiliser des légumes pour me pénétrer. Bon, il faut m’excuser, mais j’ai une imagination débordante.

Bref, je me réveille en sueur et je me sens encore bien excitée. Ce matin-là, je décide d’ouvrir une application de rencontre, je n’y suis pas allée depuis longtemps et la chaleur qui m’anime me donne envie de discuter. Je parcours les différents profils, et ce que je trouve cool c’est qu’on voit la description avant de voir les photos. Et moi, j’adore les mots.

Aussi paradoxale que cela puisse paraître, après 10 minutes d’exploration, je m’arrête sur une annonce que je trouve originale :

Dis-moi qui tu es avec une photo. 

9km, en ligne

Un homme hétéro, 114 jours sur Pure

Et lui n’en a même pas mis de photos ! Quelle provocation ! J’aime les mots certes, mais je ne suis pas contre un peu de communication visuelle. Alors je décide de le tester, de tenter le coup. Je dépose un cœur, il m’en envoie un en retour. La conversation peut commencer et le décompte de 24h avant qu’elle disparaisse s’enclenche.

Je me prépare pour dévoiler un petit peu qui je suis. J’attrape un stylo, je m’allonge sur le ventre et je le dépose en équilibre sur mes fesses. Par-dessus mon épaule, je prends une photo du bas de mon dos, de ma culotte en coton noire que j’ai bien remontée sur mes hanches et du stylo qui flotte sur mon cul. Je la programme en mode « autodestruction », pour qu’il ne puisse la voir qu’une seule fois. Photo envoyée. J’attends sa réponse et s’il est malin il comprendra peut-être que j’écris des histoires érotiques.

Une notification. Photo reçue, sa main serrée sur les draps. C’est tout simple, mais j’ai ressentie une drôle d’émotion en l’ouvrant, j’ai imaginé cette tension ailleurs dans son corps, j’ai imaginé qu’il aimait la force et la domination, j’ai imaginé qu’il aimait jouer de ses mains. J’ai imaginé beaucoup de choses et mon état d’excitation m’a dépassée.

J’ai hésité à lui répondre avec des mots, c’est ce que je sais faire de mieux. Mais en même temps, ce petit jeu pourrait bien me plaire, alors tant pis pour les mots, je prépare une nouvelle photo. Je me rends dans ma salle de bain et je décide d’immortaliser l’avant-douche. Je mets le retardateur et je prends une photo de moi de dos, en train d’enlever mon tee-shirt. Envoyée.

Reçue, une photo de son épaule avec l’eau qui dégouline sur lui.

OK, on est tous les deux dans la douche, au moins le mec est propre. Je rigole toute seule. Je prends mon téléphone avec moi et je photographie le haut de mes seins sous l’eau et ma main qui passe dessus pour les caresser. Envoyée.

Il faut savoir que capturer des photos sous la douche est un exercice périlleux si le téléphone n’est pas étanche. Aussi à force de recevoir des goutes, l’écran tactile ne fonctionne plus, une vraie galère. Alors je ne traine pas, je suis impatiente de continuer au sec. On sort de la douche, les photos se transforment en vidéos, il a enfilé un caleçon, il me le montre et je découvre que son sexe est dur et moulé dans le tissu.

Je mets une culotte en dentelle transparente, envoyée.

Reçue, sa main dans son caleçon.

Ma main dans ma culotte, envoyée.

Reçue, sa main qui fait des vas et vient.

Ma main qui s’enfonce dans ma culotte, le bruit de mes doigts qui entrent, envoyée.

Reçue, son caleçon avec une petite tâche de son excitation.

Le bas de mon visage, ma bouche qui s’ouvre, ma respiration, mes gémissements, envoyée.

Reçue, sa clavicule, sa bouche qui s’ouvre, sa langue qui lèche ses lèvres.

Mes doigts qui s’agitent en cercles sur mon sexe, toujours sous le coton, envoyée.

Reçue, son râle, son caleçon qui s’inonde d’un seul coup, son orgasme.

Mon ventre, mon poignet qui réalisent les derniers mouvements qui me font jouir, envoyée.

Pause.

Pendant 15 minutes, plus rien. Je reprends ma respiration, je me calme. Je me suis laissée emporter par ce moment, sans même le connaitre, l’idée de le savoir en train de se caresser m’a fait complètement disjoncter. C’était tellement bon, l’inconnu m’a toujours beaucoup plu. J’ai envie d’écrire, encore, mais je ne veux pas casser ce jeu.

Il est déjà 11h30, je vais dans la cuisine, j’épluche une patate douce, envoyée.

Reçue, l’écran de son ordinateur avec une commande de tacos.

Je ris. Et la journée continue ainsi, de photo en photo, de vidéo en vidéo. Je lui montre tout ce que je fais, il me montre tout ce qu’il fait, sans un mot. Parfois on se chauffe, allégrement. On se montre des bouts de corps. On se fait jouir. Ce qui est drôle c’est de ne jamais savoir ce qu’on va trouver avant d’ouvrir la photo. C’est très excitant. J’ai l’impression d’être une gamine, les yeux rivés sur mon téléphone, le sourire jusqu’aux oreilles et une boule de désir dans le ventre.

À 17h56 il m’envoie l’enseigne d’une pizzeria, je ne comprends pas, il est un peu tôt pour manger. À 18h32, je découvre son visage, il m’envoie un selfie de lui sur le scooter de livraison, il est très beau et je comprends qu’il est donc au boulot. Je lui fais une photo de moi, de mon minois,  allongée dans le canapé, il me répond avec un grand sourire, je crois que je lui plais.

C’est à ce moment-là que me vient une idée. J’appelle la pizzeria et je commande une reine. J’aimerais bien être sa reine. Je demande si le temps d’attente est long, s’il y a plusieurs livreurs ? Oui, il en a deux mais seulement à partir de 19h30.

Il est 19h11, c’est donc le seul, je souris et je raccroche.

Je vais enfiler mon plus bel ensemble de lingerie, je me maquille, je me parfume et j’attends ma pizza.

[à suivre…]

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