Échange de bons partenaires - Partie 1 : Lila
Partie 1 : Lila
Je plonge ma main dans le bol, le cœur battant à tout rompre. L’excitation me traverse de la tête aux pieds : je suis la première à piocher.
Mes doigts effleurent les petits bouts de papier, les font tournoyer, hésitent. Je lève les yeux vers Paul. Il me fixe avec ce sourire complice, presque encourageant. Il est ravi, je le sens.
Enfin, j’en saisis un. Je le déplie, l’adrénaline pulse dans mes veines.
— Léon !
Les mots résonnent dans la pièce. Léon. Ce sera mon nouveau conjoint pour les prochaines vingt-quatre heures.
Tout a commencé sans qu’on sache vraiment pourquoi. Notre groupe d’amis est des plus classiques, alors qu’est-ce qui nous a poussés à lancer ce jeu ? Je l’ignore. Pourtant, nous y sommes.
Je me lève et vais m’asseoir près de Léon. Il pose aussitôt sa main sur ma cuisse. Mon ventre se serre. J’avale ma salive et garde les yeux rivés sur Paul. Il est toujours aussi détendu, enthousiaste. Ça m’aide à respirer, à me recentrer.
Le tour de Vic arrive. Elle plonge la main dans le bol, fait durer le suspense, puis annonce :
— Antonin !
Ce qui signifie que Talia accompagnera Paul. Les nouveaux couples sont formés. Plus de retour en arrière possible. Le jeu commence maintenant.
Les règles ont été établies rapidement, mais elles sont claires et strictes :
Une fois les nouveaux couples désignés, plus aucune allusion à la configuration d’origine. Pendant vingt-quatre heures, on doit agir comme si cela avait toujours été ainsi.
Le jeu se divise en trois phases : l’après-midi, le dîner, la nuit.
Fin de l’expérience : le lendemain matin, à dix heures précises.
Aucune interdiction. Chacun est libre de faire ce qu’il veut avec son partenaire.
Le cadre est posé. L’objectif, lui, est évident. Ça fait des soirées qu’on parle de libertinage, qu’on fantasme, qu’on se demande si c’est fait pour nous. Personne n’a jamais osé pousser la porte d’un club, et peut-être que ce n’est pas notre truc après tout. Mais ce jeu… C’est notre façon d’explorer, de tester nos limites, d’alimenter ce feu latent.
On n’a pas d’enfants, pas d’attaches trop lourdes. Juste un groupe d’amis qui passe ses soirées à parler de sexe, à faire monter la température sans jamais aller plus loin. Cette fois, c’est différent.
On a loué un chalet dans les Alpes pour profiter du printemps, du soleil, des balades en forêt. Mais le véritable frisson, il est là, autour de cette table, dans ces bouts de papier froissés et ces regards échangés.
Tout a basculé ce midi. Comme toujours, les discussions étaient animées, osées. Et quand Léon a lancé, entre deux éclats de rire :
— Vous seriez capables d’échanger de partenaires pendant vingt-quatre heures ?
Un silence a flotté, puis les rires ont fusé. Mais une heure plus tard, au moment du dessert, Vic griffonnait déjà les prénoms des hommes sur des bouts de papier.
Et maintenant… maintenant, on y est.