Le jeu de la frustration

Aperçu

Crédit photo : @thierrybeez.eye et Celle qui aimait

Il est 23h00. J'ouvre la grande porte en bois de la chambre. Il est là. Sa simple présence me fait frissonner. Il me tourne le dos et je parcours des yeux sa silhouette impressionnante. Il est grand, tellement grand. Ses jambes sont comme des lances qui soutiennent un corps musclé aux épaules larges. Ses cheveux bouclés, nonchalamment coiffés, viennent terminer cette silhouette comme un point sur le "i".

Je ne dis rien. Je m'approche sur la pointe des pieds, les bras tendus pour atteindre la hauteur de son visage. Je place délicatement un masque en soie noire sur ses yeux. Une tension envahit l’air, notre jeu va commencer.

Je prends sa main, c’est notre premier contact physique dans cette chambre assombrie. Et c’est déjà une décharge d’émotion. Il ne peut pas me voir mais un large sourire habille immédiatement mon visage…

Je tire sur sa main qui est plus chaude que la mienne, légèrement moite, un mélange de stress et d’excitation, j’imagine. Il ne sait pas ce que je lui ai concocté. C’est sûr qu’il faut aimer les surprises pour oser se laisser embarquer et lâcher prise.

Nous nous arrêtons devant le lit, je m’agenouille pour défaire ses lacets et ôter ses chaussures. Puis, je me relève pour défaire sa braguette et baisser son jeans. J’effectue chaque geste avec lenteur, je profite de chaque seconde, je l’observe, je regarde mes mains danser sur lui pour le déshabiller.

Le voilà devant moi, tous ses vêtements éparpillés sur le sol, sa nudité comme un trésor. Il me l’offre. Je ne le touche pas davantage, je dois être patiente, le jeu de la frustration est un art très délicat, aussi dur à pratiquer pour celui qui touche que pour celui qui est touché.

Je l’allonge et le guide avec ma voix, quelques ordres simples que je chuchote : « mets ton bras ici » « décale-toi ».“attache toi”. Il accroche ses chevilles puis ses poignets aux menottes aux quatre coins du lit. Je vois sa peau se tendre, ses poils se hérisser, un frisson est en train de parcourir son corps entier. Je prends un instant pour l’observer. Son corps est beau, ses membres tendus me donnent envie de les presser entre mes doigts pour mesurer leur résistance, leur dureté. Je ne parle pas de son sexe, qui lui, repose calmement sur le côté et vient frôler sa cuisse. Il est beau, tout est beau chez lui…

 

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