Mon expérience du Shibari
Février 2024, c’était la première fois. Mon corps et mon esprit étaient vierges de toutes sensations liées aux cordes serrant ma peau.
Souvent, les premières fois sont stressantes, on les appréhende. C’est l’effet que peut procurer l’inconnu. Mais finalement, c’est complètement détendue que je démarre cette séance avec Ritchi. Je ne ressens qu’une légère excitation à l’idée de découvrir cette pratique qui m’intrigue depuis longtemps, mais aussi une envie de me laisser aller, de me détendre.
Nous sommes assises, au sol, elle me bande les yeux et je me sens immédiatement déconnectée de la réalité. Elle est dans mon dos, me serre dans ses bras et respire à l’unisson avec moi. Je comprends que ce moment va être rempli de tendresse, mais je ne réalise pas encore que je vais en recevoir autant.
“L’étreinte des cordes se mélange aux caresses.”
Puis, je sens les cordes glisser sur mes épaules, ses mains en action, répétant une chorégraphie bien rodée. Chaque geste est comme une danse, avec douceur je sens les liens qui se serrent et qui finissent par bloquer mes bras contre mon buste. L’étreinte des cordes se mélange aux caresses. Je perçois son souffle dans mon cou et pourtant j’oublie qu’elle est là.
Ricthi m’allonge et elle continue sa danse. Les nœuds viennent jouer sur mes jambes et une légère douleur me transporte et m’aide à lâcher prise encore plus profondément. Mon esprit se concentre sur mes sensations et n’en bouge plus. J’entre en méditation et moi qui aie l’habitude de penser à mille choses en même temps, je peux enfin souffler, je peux enfin ne penser à rien.
Août 2024, c’était la deuxième fois. La confiance est plus forte, même si elle a toujours été là. Dans un premier temps on s’amuse, elle dessine des œuvres graphiques sur mon corps à l’aide de ses cordes.
On prend des photos dehors puis rapidement on se rapatrie à l’intérieur.
“À ce jour, je n’ai pas envie d’y ajouter du sexe.”
Dans le cocon de la chambre, avec la lumière tamisée et une musique douce nous commençons une nouvelle séance. Sa façon de voir et de vivre le Shibari me plaît. J’ai l’impression que c’est comme un massage, un petit voyage, une étreinte, un moment pour l’amour de soi. Aucune connotation ni intention sexuelles, même si certains aiment le vivre ainsi, ce n’est pas le cas ici. D’une certaine manière, cela m’aide à lâcher prise. Le sexe peut représenter une forme de pression, une attente et donc la peur de ne pas être à la hauteur. Vivre le shibari en étant concentrée sur moi, tout en partageant avec l’encordeuse une forme de tendresse, cela me semble parfait. À ce jour, je n’ai pas envie d’y ajouter du sexe.
Mes sensations sont plus intéressantes que la première fois. Le lieu y est pour beaucoup. La première fois je suis dans studio pour un shooting photo, avec un photographe d’une bienveillance rare qui immortalise ce premier essai avec Ritchi. Malheureusement cet homme, qui n’avait rien à envier aux plus talentueux des photographes, nous a quittés quelques semaines après ce shooting, ce fut le dernier qu’il ait fait. Ces photos je ne peux donc pas vous les montrer, je ne les ai pas, mais je garde un beau souvenir et j’aimerais ici lui dire : merci Yann.
"La légère douleur vient m’aider à déconnecter mon cerveau”
La deuxième fois nous sommes chez moi, dans ma chambre, dans mon lit. C’est beaucoup plus facile de se sentir bien quand on est chez soi. Ritchi m’attache consciencieusement, je retrouve ses câlins, son souffle qui s’harmonise sur le mien. J’ai l’impression que la corde me serre plus fort que la première fois et ça me plaît. Petit à petit, je ne peux plus bouger, je suis entièrement immobilisée et encore une fois, la légère douleur vient m’aider à déconnecter mon cerveau, à ne plus penser. Cela fait un bien fou, et comme pour une drogue, j’ai le sentiment d’en vouloir encore, et encore.
“Je ne me suis jamais sentie aussi libre qu’après avoir été attachée.”
La fin de séance est incroyable. Je flotte dans une bulle de liberté. Je ne me suis jamais sentie aussi libre qu’après avoir été attachée. Mes émotions sont enveloppantes, comme une thérapie, je fais le point, je souffle, je respire, j’ouvre les yeux. Je découvre les marques laissées par les cordes sur ma peau, elles rappellent ce qui vient de se passer.
Vous êtes nombreuses et nombreux à m’avoir demandé de faire un retour sur cette expérience. Je vous partage cela de manière assez brute, sans trop organiser mon récit. Alors, n’hésitez pas à me laisser vos questions en commentaire, je me ferai un plaisir d’y répondre.
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