Cinq Jours au studio - Jour 1

Jour 1 – Sandra

J’arrive au studio à 9h00 pile, le cœur battant. C’est la première fois que j’enregistre, et je ne sais pas si ce sont l’excitation ou les nerfs qui rendent ma respiration si irrégulière. Il y a à peine trois mois, tout cela me semblait impensable. Quand la maison de disque m’a contactée sur Instagram, j’ai cru à une mauvaise blague, une erreur, une arnaque… tout sauf la vérité.

Le message s’affichait pourtant noir sur blanc :

« Bonjour Sandra, nous aimons beaucoup vos vidéos. Nous avons repéré chez vous un véritable talent et beaucoup de potentiel. Seriez-vous disponible la semaine prochaine pour en discuter ? »

Ma réaction ? Imaginez un poisson rouge, les yeux ronds, la bouche ouverte, figée dans un mélange d’incrédulité et de stupeur.

Une semaine plus tard, je franchissais timidement les portes de leurs bureaux. Assise dans cette salle de réunion, entourée de professionnels qui parlaient de moi et de mon talent, j’étais en pleine hallucination. Moi, Sandra, qui grattait ma guitare dans ma chambre depuis quatre ans, espérant vaguement qu’un jour quelqu’un m’écoute. Et ce jour était arrivé.

Un mois après ce rendez-vous, je leur envoyais une maquette. Ils l’ont adorée. J’ai dû me pincer plus d’une fois. Et aujourd’hui, deux mois plus tard, me voilà ici, devant la porte d’un studio d’enregistrement. À l’heure exacte. 9h00 pile.

Le producteur m’accueille chaleureusement, me fait visiter l’espace, un lieu à la fois sophistiqué et intime, puis s’excuse : il ne pourra pas rester, mais il est sûr que tout va bien se passer. Une fois seule dans la pièce, je m’assois sur un canapé moelleux et inspire profondément. Mon cœur bat à un rythme fou, comme un tambour prêt à éclater. Je ferme les yeux pour essayer de calmer mes pensées, mais une voix me ramène à la réalité.

— Sandra ? Sandra !

— Oui, oui, pardon, c’est moi !

Face à moi se tient un homme, la trentaine peut-être.

— Enchanté, Sylvain. Je suis l’ingénieur mastering, c’est moi qui vais t’enregistrer aujourd’hui.

Mon cerveau bugue. Littéralement. Cet homme est la définition du charme. Une beauté brute et nonchalante. Ses cheveux châtains sont coiffés d’une manière savamment négligée, sa barbe de trois jours souligne ses joues légèrement rosées. Et sa bouche… m’hypnotise. Je sens mon visage rougir.

Je cligne des yeux, essayant de reprendre le contrôle. Sylvain, lui, est totalement professionnel. Il m’explique le programme de la journée avec calme et assurance, mais quelque chose chez lui m’attire. Une énergie à la fois discrète et magnétique. Mon esprit, pourtant concentré sur mes paroles, m’échappe parfois. Si bien que je commence à avoir des flashs de cet homme qui me plaque contre le mur en bloquant mon visage entre ses doigts. Des flashs de lui qui me bouscule sur le canapé et qui dévoile mes seins pour les lécher. Je secoue la tête discrètement. Stop. Ce n’est ni le lieu ni le moment.

C’est l’arrivée de Karl, l’assistant son, qui me ramène à la réalité. Il m’indique qu’il est temps de commencer. Mon stress reprend le dessus, écrasant toute distraction. Je m’installe derrière le micro, Karl ajuste mon casque avec une précision professionnelle. Devant moi, une vitre qui sépare la cabine d’enregistrement de la régie. Et derrière cette vitre… Sylvain. Confortablement assis devant une console bourrée de boutons mystérieux qu’il manipule avec une aisance déconcertante.

— Tu es prête, Sandra ?

— Oui, je suis prête.

— Alors, c’est parti.

Et là, c’est comme si tout mon stress s’évaporait d’un coup. Le premier accord résonne, ma voix s’élève, et le monde autour de moi disparaît.

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Collaboration auditive avec “Le son du désir”