Votre feuilleton : 08 - Mon avocat

Je vous propose un feuilleton que nous allons construire ensemble. Je vais essayer d’écrire le plus régulièrement possible ! Tout comme vous, je ne connais pas la suite de l’histoire alors n’hésitez pas à interagir, à proposer des péripéties, à imaginer la suite, à donner votre avis, à voter pour votre suite préférée sur Instagram…

Une chose est sûre, je ne sais pas jusqu’où cela va aller mais je vous propose de vivre l’expérience ensemble.



Partie 08 - Mon avocat

Je récupère mes affaires et je sens la honte me dévorer le ventre. Ce mec que je connais à peine est donc venu me chercher chez les flics à 14h pétante. Autant quand j’étais ivre je trouvais ça génial, « Oh, mon sauveur, gna gna gna. » Mais alors maintenant, j’ai envie de me cacher dans un trou et de ressortir dans 3 semaines, quand tout sera oublié. Et surtout de ne plus jamais revoir Étienne.

- Bonjour.

- Bonjour.

Je croise à peine son regard. Je baisse les yeux comme une petite fille qui aurait fait une bêtise. On signe des papiers. Il baragouine des trucs que je ne comprends pas, il prend son rôle très à cœur, on dirait vraiment un avocat. Une fois dehors on fait quelques pas, sans un mot. Puis, il brise le silence :

- Je suis garé là-bas, juste à droite. Je vais te ramener chez toi.

- Merci.

- Léna, si tu as envie d’en parler, je suis là. On ne se connait pas, mais justement, c’est parfois plus facile pour exprimer ce qu’on a sur le cœur.

- Non merci.

- D’accord.

Je monte dans sa voiture, je lui donne mon adresse. La honte qui logeait dans mon ventre a maintenant doublé de volume. Elle me fait mal. Elle me tort. J’ai envie de lui raconter. Pas pour me soulager, mais pour me justifier, pour évacuer ma gêne envers lui, pour avoir l’air moins con.

- Je suis retournée jouer.

- Ah.

- J’ai perdu.

- Ce sont des choses qui arrivent souvent malheureusement au poker. Il n’y a qu’un gagnant par partie. Et même si on est doué, ça ne peut pas toujours être nous.

- Je voulais récupérer l’argent perdu de la dernière fois et au final j’en ai perdu au moins autant.

- Merde…

- Du coup j’ai bu.

- Ça me dit quelque chose cette histoire. Tu as fait un remake de notre rencontre en fait ?

- Oui, sauf que cette fois tu n’étais pas là. Et je n’ai pas vomi.

- Bravo.

- Merci, je dis en souriant.

- On fait souvent n’importe quoi quand on est ivre.

- Oui et bien je crois que cette fois j’en tenais une bonne. J’ai agressé le distributeur en hurlant, car il ne voulait pas me donner du cash.

- Oups.

- Et puis les flics sont venus me chercher. Je ne savais pas qui appeler, mes proches ne savent pas que je suis addict aux jeux. Alors j’ai fait semblant d’avoir un avocat et quand j’ai vu ton numéro dans mon téléphone, je n’ai pas réfléchi et j’ai donné le tient. Je suis vraiment désolée de t’avoir dérangé.

- Ce n’est pas grave, tu as assez de culpabilité comme ça, rien ne sert d’en rajouter une couche. Et puis après tout, c’est mon métier, donc tu as bien fait de m’appeler.

- C’est ton métier ?

- Avocat.

- MAIS NOOOOOOOOOOOOOON !?

- Mais si !

- Et merde, je te dois combien ?

Il explose de rire, moi aussi. Là dans cette voiture, l’espace de quelques secondes, le temps s’arrête. J’oublie tout, le poker, la ruine, les flics, la honte. On rit et c’est tout.

J’arrive chez moi, je lui ai proposé de monter pour lui offrir un café, mais il avait du boulot, même un samedi. Je ne savais pas que ça bossait le samedi les avocats. Il m’a dit que je n’aurais surement pas de soucis suite à mes folies d’hier soir, au pire une petite amande. Il va gérer ça pour moi. Pour le remercier je l’ai invité à dîner ce soir, mais je n’ai pas une tune, mon compte en banque est bloqué à cause de mes bêtises. Je vais lui dire de venir manger chez moi, je vais bien réussir à cuisiner quelque chose avec ce qui me reste dans le frigo et dans les placards. Ça va le faire.

Messages texte :

Ça te dit de dîner chez moi ce soir, plutôt qu’au restaurant ?

 

Oui, pas du souci. J’apporterai une bouteille de vin.

 

Parfait. 19h30, ça te va ?

 

Plutôt 20h, j’ai beaucoup de boulot, tu m’as fait perdre un temps fou aujourd’hui 😉

 

Comment je vais bien pouvoir me faire pardonner ?

 

Avec un délicieux repas, ce sera parfait.

 

J’ouvre le frigo et je me dis qu’il est aussi pauvre que moi. Dans la portière un pot de confiture de fraise à moitié entamé, du ketchup et des cornichons. Le reste n’est pas bien glorieux, 3 carottes, des gnocchis et un chou-fleur. Comment faire un repas sexy avec du chou-fleur ? Mais pourquoi est-ce que je veux faire un repas sexy en fait ? Ce diner est en train de prendre des allures de rencard. Dire que depuis le début je ne le sens pas ce mec et pourtant : je dors chez lui, je l’appelle quand je suis chez les flics, je l’invite à manger à la maison. C’est quoi la suite ? Ressentir du désir et lui sauter dessus alors qu’il ne me plait pas ? C’est le monde à l’envers.

Google, je tape « recette de chou-fleur sexy », je tape « entrée ». On trouve vraiment tout sur internet. J’ouvre un article marmiton qui propose 10 recettes faciles et originales pour rendre enfin le chou-fleur sexy. Non, mais sérieux, il y a vraiment des gens qui lisent ce genre d’articles sur le web. Oui, moi. Et les journalistes ils sont sur quelle planète, je les imagine avec le rédacteur en chef aux manettes :

- Bon les gars, pour les prochains articles on veut du sexy, du sensuel, du cul, du cul, du cul. C’est CA qui plait aux gens ! Michel, des idées de sujets ?

- Ben j’avais pensé au chou-fleur.

- Putain Michel, bravo ! Là tu crées la surprise, tu surprends les gens ! On veut du chou-fleur sexy Michel, sort nous des recettes qui donnent la trique s’il te plait.

- Bien chef !

- Super, je veux le texte pour lundi sur mon bureau.

Je suis morte de rire. Je suis une championne toute catégorie pour me faire des films dans la tête. Alors Michmich, il a mis quoi dans son article : Le choucamole, un guacamole revisité, sans avocat. C’est parfait, surtout quand on en reçoit un à diner. Bon par contre dans le genre sexy, le choucamole ce n’est pas le nom le plus hot que j’ai pu entendre. J’imagine un truc tout ramolo, alors qu’on veut du ferme, du dur, du… Bon allez, ça suffit, en cuisine.

20h pile, il toque à la porte. J’ai à peine terminé le repas et je n’ai pas vu le temps passer. Je n’ai même pas eu le temps de m’occuper de moi. Je regarde à quoi je ressemble… Et merde ! J’ai mon tee-shirt d’Arielle, un vieux jogging. Pourquoi est-il aussi ponctuel ? Je lui indique l’étage, déverrouille la porte à l’interphone et je cours comme une dinguo jusqu’à ma chambre. J’enlève tous mes vêtements en 27 secondes, je vais dans la douche, je savonne mes dessous de bras et mon minou en 31 secondes, je me sèche en 13 secondes, j’enfile un ensemble de lingerie plutôt joli, on sait jamais, en 18 secondes. La sonnette de ma porte retentit, je hurle « J’ariiiiiiiiiiive ! ». J’enfile une robe pull couleur crème, plutôt courte, mais douillette en 7secondes, je mets du mascara en 9 secondes et je cours jusqu’à la porte en refaisant mon chignon.

- Hey coucou ! Dis-je essoufflée

- Tu as couru ?

- Non non, enfin. Je n’étais pas habillée quand tu as sonné, c’est tout.

- L’heure c’est l’heure.

- J’ai bien compris que tu ne déconnais pas avec ça. Je serai à l’heure la prochaine fois.

- Il y aura donc une prochaine fois.

- Je ne sais pas, je disais ça comme ça.

Il sourit. J’ai l’impression d’être le clown de service devant ce mec plutôt sérieux et classe. J’espère qu’il ne me prend pas trop pour une idiote.

Je lui fais faire un rapide tour de l’appartement. C’est le bazar, je n’ai pas vraiment eu le temps de ranger, mais il me dit que c’est un endroit chaleureux, comme moi. Je ne sais pas s’il me drague, mais je rougis de ce doux compliment.

On s’installe dans le salon, j’ouvre la bouteille de vin qu’il a apporté. On trinque.

- On trinque à quoi ?

- À ton sevrage des jeux d’argent.

- Ok, à mon sevrage alors. Tchin !

- Tchin !

- Mais je suis incapable d’arrêter.

- Je pense que si, tu en es capable Léna.

- Toi aussi tu étais accro alors ?

Il me raconte son histoire avec le poker. Son père lui a appris à jouer alors qu’il avait tout juste 12 ans. Il allait beaucoup au casino, à ses 18 ans, il l’a emmené avec lui, tous les dimanches. Son père est décédé quand il avait 26 ans, et il s’est alors mis à jouer de manière impulsive. Il a perdu beaucoup d’argent lui aussi, mais il a réussi à arrêter. Aujourd’hui il a 37 ans et je me demande bien comment il s’est sorti de là.

- Tu n’as plus jamais misé de l’argent, depuis 5 ans ?

- Plus jamais.

- Tu n’as plus envie ?

- Parfois. Je m’assois au bar et je regarde les gens jouer en buvant un verre. C’est comme ça que je t’ai rencontré. Tu m’as fait penser à moi.

- Et comment tu as fait alors pour arrêter complètement ?

- J’ai joué à un autre jeu.

- Ah super, tu remplaces une addiction par une autre, ce n’est pas vraiment une solution.

- Pour moi ça en est une, car je ne perds plus d’argent et je prends du plaisir

- C’est quoi ce jeu ?

- Une phrase ne suffirait pas à te l’expliquer. Une soirée non plus d’ailleurs.

Je ne sais pas quoi penser, son discours est tellement mystérieux. Ça fait un peu flipper, mais j’ai envie d’en savoir plus. L’apéritif dinatoire a eu du succès, même le choucamole est fini. Il reste un fond de bouteille, Étienne se lève et remplit nos verres. Il revient s’assoir très près de moi et pose sa main sur ma cuisse. Je frissonne. Que va-t-il se passer ? Je lui plais ? Depuis le début ? C’est quoi son jeu ? Séduire des inconnues ?

Il ne dit rien et me regarde. Ses yeux foncés lui donnent un air sévère et intense. Il me plait, il me plait de plus en plus.  Le silence me met mal à l’aise, j’ai envie de le rompre, mais je ne sais quoi dire. Plus le silence dure et plus je me mets à imaginer ce qu’il pourrait bien se passer. J’imagine qu’il passe sa main dans mon dos pour ensuite presser mon corps contre le sien. J’imagine qu’il pose ses lèvres sur les miennes, qu’il caresse mes seins. J’imagine qu’il s’allonge sur moi et qu’il plonge son sexe dans le mien. Je sens une excitation dingue m’envahir, j’ai envie que mes pensées soient exhaussées. J’ai envie de baiser.

Il sourit, comme s’il savait tout ce que j’imaginais. En même temps ça doit se voir sur ma tête, ça doit se sentir que je déborde de désir.

- Tu penses à quoi ?

- Rien.

- Menteuse.

- Oh !

- Si tu veux en savoir plus sur mon jeu, réponds-moi!

- Je pensais à toi.

- Développe.

Son ton est devenu autoritaire et ferme, son visage a changé, j’essaie de retrouver son regard doux et enveloppant, mais je me heurte à un regard qui fusille, un regard qui oblige. Le brin de peur que je ressens se mélange à mon excitation qui se démultiplie.

- Léna !

- Oui, pardon. Je… Je ne sais pas trop… J’imaginais que tu te rapprochais de moi.

- Comme ça ? dit-il en se rapprochant

- Oui.

- Quoi d’autre ?

- J’imaginais que… tu m’embrassais et que tu me touchais les seins.

Il passe sa main droite sur mon sein, il le masse et le tient fermement. Sa main gauche glisse dans ma nuque et se resserre autour d’elle. Puis, il vient délicatement m’embrasser, un baiser très tendre qui contraste avec ses doigts qui me serrent et me font presque mal. Je gémis de plaisir, je me sens complètement sous son joug. Je ne me pose pas de question, je passe ma main sur son jeans et je sens son sexe qui force pour pouvoir sortir. Je dirige mes doigts vers son bouton et sa braguette, mais il me stop net.

- Qu’est-ce qu’il y a ?

Il ne répond pas et se lève en rassemblant ses affaires :

- Étienne, qu’est-ce qu’il y a ? J’ai fait quelque chose qu’il ne fallait pas ?

- Non, rassure-toi, au contraire

- Pourquoi tu pars alors

- J’ai besoin de te laisser là. C’est le début du jeu.

- Mais on ne peut pas jouer si tu pars.

- Si justement.

- Je ne comprends pas.

- Tu as tout le temps de comprendre, je t’ai dit, une soirée ne suffirait pas pour t’expliquer.

- J’ai envie de toi

- Parfait, je vais donc te laisser là.

- C’est ça ton jeu ? Frustrer les femmes.

- Il s’agit plutôt de te donner du plaisir, et la frustration à son rôle à jouer. Dans ce jeu, je suis le maitre. Je prends le contrôle et je décide quand il se passe quelque chose. Et ce soir il ne se passera rien.

Il met sa veste, me regarde avec le sourire de quelqu’un qui a réussi son coup. Il embrasse mon front et me dit : je suis sûr qu’on va se revoir très vite.

23h, la porte claque, je suis béate. Il me laisse donc là, enivrée de lui, le désir coulant entre mes jambes.

 

[à suivre…]


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