Le cours d’A - Partie 1
Partie 1
J’ai le trac en poussant la porte de la salle de classe. Quand Nico m’a parlé de ce cours du soir la semaine dernière, je pensais qu’il plaisantait. Comme on dit, il faut le voir pour le croire. Et c’est sûrement pour ça que je suis là ce soir.
Nous sommes une dizaine à nous installer. Les bureaux et l’agencement de la pièce me rappellent étrangement le collège. Pendant un instant, j’en oublierais presque pourquoi je suis ici. Tout semble si banal... sauf, bien sûr, l’objet du cours.
Je ne peux m’empêcher de jeter des coups d’œil aux autres participants. La plupart sont dans la trentaine, comme moi. À ma droite, un jeune blondinet au visage angélique attire mon attention. Il me sourit, un sourire complice, comme pour dire : « On se sait». À ma gauche, deux hommes un peu plus âgés, trahis par leurs cheveux grisonnants, chuchotent entre eux.
La porte s’ouvre, et notre professeur entre. Une chose est sûre : Nico ne m’a pas menti. Je suis bel et bien dans ce cours.
Elle n’a rien d’un mannequin, mais elle est charmante. Pas très grande, des formes agréables, elle dégage une assurance naturelle. Elle balaie la salle du regard, s’arrêtant une seconde sur chacun de nous. Quand ses yeux clairs se posent sur moi, je prends le temps de la détailler. Ses cheveux blonds encadrent un visage doux aux pommettes roses et rebondies. Quelques taches de rousseur lui donnent un air espiègle, et une paire de grosses lunettes, posée sur son nez, ajoute cette touche cliché de « maîtresse coquine ».
— Bonsoir à tous. Il est 20 h, et nous allons passer les deux prochaines heures ensemble. Vous avez choisi de participer à ce cours, mais je vous informe que vous pouvez changer d’avis à tout moment. Il vous suffit de quitter la pièce. Cependant, aucun remboursement ne sera possible. Je m’appelle Lilou, et je serai votre professeur aujourd’hui.
Elle marque une pause, le temps de s’assurer que tout le monde suit.
— Le cours de ce soir s’intitule : « Comment donner et prendre du plaisir avec l’anal ». Nous allons donc pouvoir commencer.
Le titre claque dans l’air comme une réplique de mauvais porno. Tout dans cette scène pourrait y faire penser, d’ailleurs. Et pourtant, ce n’est pas un film. C’est un vrai cours, avec un professeur qualifié – du moins, si l’on en croit les dépliants. L’ambiance, elle, est si calme et ordinaire que j’ai presque l’impression de suivre un atelier de tricot.
Même la maîtresse, bon sang… pourquoi est-ce que je l’appelle comme ça ? Même la prof est banale, malgré son charme. Rien chez elle n’évoque une quelconque provocation : pas de minijupe, pas de décolleté plongeant. Elle porte un pantalon tailleur noir, des mocassins, un tee-shirt blanc et un petit gilet mauve, probablement pour se protéger du froid de cette soirée d’hiver. Et pourtant, c’est bien cette femme qui s’apprête à nous enseigner… ça.
— La première heure sera consacrée à la théorie, la deuxième à la pratique. Avez-vous des questions avant que nous commencions ?
Un silence gêné s’installe. Tout le monde évite soigneusement de croiser le regard des autres, guettant celui ou celle qui oserait briser la glace. De mon côté, je n’ai pas de questions. Je suis là par curiosité, juste pour voir. Enfin, qui sait… je vais peut-être apprendre des choses.