J'allais supprimer Tinder. Comme souvent au bout de quelques semaines sur les applis de rencontre, je me lasse, cela m'ennuie et je n'y crois plus trop. Non pas que je cherchais le grand amour, juste une belle histoire, quelqu'un avec qui partager, découvrir : aimer tout simplement. Et puis voilà qu'un jour de fin d'été, je reçois une notification..

Je lui souris et elle me sourit en retour, replaçant sa mèche blonde derrière son oreille, ne me quittant pas des yeux. Je n'ai jamais été aussi sûr de moi de toute ma vie. Elle me plaît et je sens que je lui plais aussi. C'est une femme qui doit aimer l'aventure pour venir bosser avec un plug dans son sac à main. Alors, je me lève, je ferme la porte et je fais le tour de son bureau pour me placer juste à côté d'elle.

Le cerveau c'est quand même quelque chose de fabuleux, avec lui on peut faire tout ce qu'on veut. Notamment en termes d'érotisme et de fantasme. Des choses simples comme des choses alambiquées. Personnellement j'adore imaginer les gens que je croise en train de faire l'amour. Particulièrement mon dentiste d’ailleurs. Pourquoi ? Parce qu’à ce moment précis j'ai peur d'avoir mal ou j'ai mal. Du coup je détourne l'attention et je lui invente une sexualité différente à chaque rendez-vous.

Mes yeux sont rivés sur le sablier. Avant de faire quoi que ce soit, j’ai besoin de jauger la durée. Une minute ? Cinq minutes ? Dix minutes ? Je vois les grains de sable tomber vite, très vite. Dans mon esprit c’est comme dans un immeuble sur lequel on aurait appuyé sur l’alarme incendie. Selon moi, j’ai quelques minutes, une ou deux. Cinq, tout au plus.

Je soulève délicatement le couvercle de la boite, je découvre un papier de soie, lui aussi blanc. Le bruit du papier qu’on déballe enchante mes oreilles, pendant que mes yeux surpris découvrent un objet inattendu.

Il y a une différence entre ne pas aimer et ne pas vouloir. Je peux parfois te punir en faisant des choses que tu n’aimes pas. Mais je ne ferais jamais quelque chose que tu ne veux pas. Donc tu me précises bien ce que tu ne veux pas faire, c’est compris ? […]

Pourquoi j’ai un frisson qui parcourt mon dos à chacune de ses remontrances ? Pourquoi j’ai envie qu’il me plaque contre le mur en continuant de me gronder ? C’est lui qui dégage ça, ce n’est pas possible. […]

Je ne sais jamais quoi faire, on s’est déjà embrassés, mais est-ce que ça veut dire que maintenant on doit se saluer en s’embrassant ? N’est-ce pas le symbole d’un couple ? Donc si on s’embrasse, on est ensemble ? Pourquoi tant de questions, pourquoi tant de réponses préconstruites. On peut s’embrasser pour se dire bonjour et au revoir quand on n’est pas un couple ! Voilà, c’est décidé. […]

Je ne sais jamais quoi faire, on s’est déjà embrassés, mais est-ce que ça veut dire que maintenant on doit se saluer en s’embrassant ? N’est-ce pas le symbole d’un couple ? Donc si on s’embrasse, on est ensemble ? Pourquoi tant de questions, pourquoi tant de réponses préconstruites. On peut s’embrasser pour se dire bonjour et au revoir quand on n’est pas un couple ! Voilà, c’est décidé. […]

Ça fait 9 jours maintenant. Il m’a plantée dans mon appartement après avoir empoigné ma nuque, caressé mes seins, embrassé mes lèvres. Il m’a laissée là, pantoise et excitée. Si en plus je lui cours après, je vais passer pour quoi ? Une petite chienne qui ne jure que par son maître. […]

Je croise à peine son regard. Je baisse les yeux comme une petite fille qui aurait fait une bêtise. On signe des papiers. Il baragouine des trucs que je ne comprends pas, il prend son rôle très à cœur, on dirait vraiment un avocat. Une fois dehors on fait quelques pas, sans un mot. Puis, il brise le silence […]

Alors comme ça j’ai défoncé un distributeur. Je souris. Ce n’est pas drôle, mais je souris. Ma vie est un sketch, une comédie. Une comédie qui va virer en comédie dramatique. J’aurai préféré romantique. Un prince charmant qui vient sauver sa belle, emprisonnée par erreur. Imagine ! Léonardo Dicaprio, dans le rôle de l’avocat, il arriverait, déterminé […]

On est samedi soir et la seule solution que j’ai trouvée c’est de retourner jouer, une dernière fois, pour renflouer les caisses et après, promis, j’arrête. J’enfile un pantalon noir et un tee-shirt rouge, comme mon compte en banque. Je pars..

18h, je passe la porte du salon de thé. Je suis mal fagotée. De manière absolument volontaire. Mon jogging est sale, j’ai un vieux tee-shirt Disney avec la petite sirène qui me sert habituellement de pyjama, mes cheveux sont emmêlés, mon teint naturel, pas maquillé, un gros bouton sur le nez (l’alcool a le don de me faire sortir des boutons d’acné). Le message est clair comme ça, je n'ai aucune envie de lui plaire, ce n'est pas un rendez-vous galant et s’il s’est passé quelque chose hier je n’ai aucune envie que ça recommence. Voilà.

Je pose les choses, calmement. Le poker, toutes les parties que j’ai gagnées, je me souviens ! Putain, je suis riche ! Je regarde dans mon sac, rien. Je réfléchis, ma tête bourdonne. J’ai tout perdu, merde, la tequila, le citron… l’inconnu !Ça me revient, d’un coup.