Votre feuilleton : 12 - La petite maison

Et si on écrivait cette histoire ensemble?

Je vous propose un feuilleton que nous allons construire ensemble. Je vais essayer d’écrire le plus régulièrement possible ! Tout comme vous, je ne connais pas la suite de l’histoire alors n’hésitez pas à interagir, à proposer des péripéties, à imaginer la suite, à donner votre avis, à voter pour votre suite préférée sur Instagram…

Une chose est sûre, je ne sais pas jusqu’où cela va aller mais je vous propose de vivre l’expérience ensemble.



Partie 12 - La petite maison

Pour la maison de maître, on repassera. C’est une petite bicoque en pierre à la sortie du village. Une petite cour à l’avant et un terrain qui semble s’étendre à l’arrière. La maison à l’air si petite, un cube, la façade comportent une porte et deux fenêtres, exactement comme sur un dessin d’enfant. Tout est verdoyant, c’est le début du printemps, mais il fait encore froid. Il y a beaucoup d’arbres autour de la maison, certains ont de jeunes feuilles en train de sortir et d’autres sont déjà tout en fleurs.

- Waouh, il est incroyable cet arbre ! Il est immense et toutes ces fleurs blanches, on se croirait à un mariage.

- C’est le prunier de ma Grand-mère.

- Elle vivait ici ?

- Oui, j’ai hérité de cette petite maison à sa mort il y a dix ans.

- Et tes parents ?

- On en parlera une autre fois.

- D’accord.

Je n’insiste pas, ce sujet n’a pas l’air très joyeux. Ses parents l’ont abandonné ? Ils sont malades ? Mort ? C’est pour ça qu’il s’habille en noir tous les jours ? Ça expliquerait quelques petites choses. Je suis curieuse et en même temps triste, car la réponse l’est surement aussi. J’essaie de passer à autre chose, je ne vais quand même pas plomber l’ambiance.

- Tu viens souvent ?

- Oui, assez régulièrement, j’aime bien quitter la ville, ça me fait du bien.

- Je crois que je ne quitterais jamais la ville

- Tu as déjà vécu à la campagne ?

- Non.

- Alors ne dis pas de bêtises, tu n’en sais rien

Pourquoi j’ai un frisson qui parcourt mon dos à chacune de ses remontrances ? Pourquoi j’ai envie qu’il me plaque contre le mur en continuant de me gronder ? C’est lui qui dégage ça, ce n’est pas possible.

Il tourne la clé et pousse la porte. Je fais quelques pas à l’intérieur et cette odeur de l’ancien inonde mes narines. La maison est dans son jus, c’est beau et c’est moche en même temps. Il y a un immense meuble en bois massif qui doit servir de vaisselier, un vieil ensemble de canapés fleuri dans les tons roses bordeaux, une table ronde recouverte d’un napperon en crochet et 4 chaises qui l’entourent. Au bout de la pièce, il y a une ouverture qui laisse entrevoir la cuisine en formica. Il y a des bibelots, et des breloques de partout, des assiettes accrochées au mur comme des trophées. C’est chargé, surchargé même ! Mes yeux ne savent pas sur quoi s’arrêter, il y a tellement à voir.

- Ce n’est pas un château, mais on sera biens tu verras. C’est resté comme ça a toujours été. J’aimerais faire des travaux, redécorer, mais je n’ai jamais réussi à m’y résigner.

- J’aime bien l’ambiance, c’est la caverne d’Alibaba ici !

- Oh oui, il y a des trésors de partout

- J’adore !

Je m’approche des photos de familles posées sur le buffet. Je cherche Étienne.

- C’est toi là ?

- Montre ! Oui oui, c’est moi…

J’explose de rire. Je le reconnais sans le reconnaitre, il doit avoir tout juste 5 ans, il a les cheveux ébouriffés, une petite chemise à carreaux et de grosses lunettes rondes qu’il avait dû voler à un adulte. On dirait un premier de la classe un peu coquin avec son petit sourire. Il y a d’autres photos en noir et blanc qui semblent anciennes, je regarde les visages, les tenues, les décors et puis je me dis que c’est chouette d’être ici. Ça semble être un lieu assez intime finalement, il doit beaucoup m’apprécier pour m’emmener là.

- C’est la première fois que tu fais venir une fille ici ?

- Non.

Bon ben merde. Il ne m’apprécie surement pas plus qu’une autre. Je tire un peu la gueule, déçue de sa réponse. Il me fait visiter la cuisine, les deux petites chambres et la salle de bain. Tout est aussi vétuste que le salon. On s’installe sur la terrasse à l’arrière de la maison, il est presque midi le soleil a réchauffé un peu l’air, Étienne ouvre une bouteille de vin rouge, on boit un verre avant le déjeuner.

- Ne fais pas l’enfant Léna.

- Quoi ?

- Tu boudes.

- Non.

- Tu ressens de la jalousie ?

-  …

- C’est intéressant. Tu sais j’ai 37 ans, ça fait 10 ans que j’ai la baraque, donc à la question : est-ce que j’ai déjà amené des filles ici, tu te doutais de la réponse.

- …

- Tu voulais un joli mensonge, « non Léna, c’est la première fois, toi tu es spéciale ». On n’est pas dans un conte de fées.

- Je sais.

- Bon.

- Mais je m’en fous, c’était une question juste comme ça.

Il sourit de me voir mentir effrontément. Il a raison, j’ai l’air conne maintenant. Bien sûr que je ne suis pas le centre de son monde. C’est fou, quand on tombe amoureux on aimerait être tout pour l’autre, sa première fois et sa dernière. Et en même temps c’est complètement débile, car c’est notre vie et nos expériences qui font ce que nous sommes et qui font qu’on se plait aujourd’hui. Au final, je remercie toutes les femmes qui ont croisé sa route et qui l’ont aidé à se construire, comme un mantra, j’essaie de m’en convaincre et je mets de côté ma jalousie qui m’a toujours pourri la vie. Je me détends.

On parle de sa maison, de mon appart, de la vie en ville, de la vie à la campagne, de son boulot, de mon boulot. On parle, on fait à manger, on déjeune des tagliatelles avec du poulet au riesling et aux champignons. C’est bon. On dirait un jeune couple. Mais qui sommes-nous ? Est-ce le début d’une histoire d’amour ? De sexe ? Les deux, capitaine.

Au moment de manger le dessert, deux petites tartes au citron qu’il a acheté dans une pâtisserie, son regard change. Je mange ma tartelette à la main et la meringue vient se coller sur le haut de ma lèvre, cela me fait une jolie moustache. Il me demande de me rapprocher, il passe son doigt sur mes lèvres pour récupérer le blanc d’œuf sucré et glisse son doigt dans ma bouche. Je le suce doucement. Sa façon de me regarde me rend folle. J’arrive à sentir son désir qu’il maîtrise à merveille. Je sens beaucoup de choses, même si on ne dit rien, même si les gestes restent simples, l’atmosphère est plus électrique. Dès que nous avons fini de manger, il se lève et m’invite à le rejoindre au salon. Je m’assoie dans un des canapés, lascive, j’ai envie de lui, il doit le sentir. Je me demande bien ce qu’on attend pour faire l’amour. Depuis le temps qu’on attend ça.

Il s’assoit dans un fauteuil, sort un carnet en cuir noir, un stylo et il s’adosse prêt à prendre des notes avec sa cuisse en guise de support.

- J’ai tellement hâte de pouvoir continuer à jouer avec toi Léna.

- Moi aussi, je veux jouer

- Oui, je sais, je le sens. Mais avant on a beaucoup de travail.

- Du travail ?

- Oui, il ne faut pas faire n’importe quoi. Le jeu, tu sais, il peut prendre des tournures que tu n’aurais même pas imaginées. Il faut écrire les règles ensemble, tes règles, celle que je ne pourrais en aucun cas transgresser.

- Je ne sais pas quelles sont mes règles, ça dépend du jeu, ça dépend de tellement de choses.

- Justement, il faut tout envisager en avance, pour pouvoir entrer dans le jeu sereinement. On va discuter et on va poser tout ça ensemble ne t’inquiète pas.

- On ne peut pas faire l’amour d’abord ?

Il hoche la tête en riant d’un air de dire que je ne suis pas possible. Il me répond qu’il ne veut pas faire l’amour avec moi, que ça gâcherait le jeu. Qu’on ne pourrait plus jouer et que de toute façon nous n’en sommes pas encore à ce niveau-là. Et il commence son interrogatoire.

- Pour chaque pratique, tu me dis si tu l’as déjà fait ou pas. Si oui, tu me dis si tu as aimé ou pas, si tu aimerais recommencer ou pas. Sinon, tu me dis si tu aimerais essayer ou pas. Ensuite pour toutes les pratiques que tu ne connais pas et que tu aimerais essayer on précisera les différentes étapes dont tu as besoin, je n’en négligerais jamais aucune, cela nous permettra de jouer dans la confiance et le respect. Ensuite on verra aussi les différentes façons d’arrêter le jeu. Si tu n’as pas envie de répondre sur certaines pratiques, on laisse tomber, pas d’obligation. Tout ce qu’on décide aujourd’hui n’est pas figé, c’est évolutif, on va revenir dessus très régulièrement. Le plus important c’est de ne surtout pas mentir. Ok ?

Ça fait beaucoup d’information en même temps. J’ai l’impression d’être à une interro surprise alors que je n’ai pas révisé la veille. Je ne connais pas beaucoup de pratique, j’aime bien faire l’amour, mais de manière assez traditionnelle. J’ai hâte de voir sur quel terrain il veut m’emmener et en même temps je suis un peu stressée.

- Ok

- Bon, alors allons-y

[à suivre…]


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