Cinq Jours au studio - Jour 3

Avant de lire le jour 3, je vous invite à lire le jour 2


Jour 3 – Sandra

Je fouille dans ma commode à la recherche de ma tenue du jour et je repense à ma nuit. J’ai rêvé de lui. C’est flou, je m’en souviens à peine, mais j’ai des sensations sensuelles qui m’enveloppent. Il s’est passé un truc, mais je ne sais pas quoi ? Ce genre de rêve qui te laisse une douce sensation de bien-être sans connaitre l’histoire qui a pu te mettre dans cet état-là.

La journée d’hier était chargée, on a bossé comme des dingues, mais je n’ai pas cessé de sentir ce truc. Je n’arrive même pas à le nommer, « Ce truc ». Chaque fois que je croisais son regard, mon cœur sautait un battement. Chaque fois qu’il s’approchait pour m’aider à m’installer je sentais dans son souffle un désir incontrôlé. Chaque fois qu’on a discuté, j’intégrais ce qu’il me disait, mais mes oreilles n’entendaient rien d’autre que : je veux te baiser. Mais qu’il le fasse ! Parfois je me dis que je suis peut-être folle, que je me fais des films. Après tout, il n’a pas eu un geste équivoque, il est professionnel et il n’a fait aucune allusion. Mais quand même, ne dit-on pas : « s’il y a un doute, il n’y a pas de doute ».

Je n’ai jamais autant désiré quelqu’un que je ne connais pas. Pire : j’ai l’impression qu’une grande partie de mon désir réside dans cet aspect inconnu. Qui est-il ? Et pourquoi me fait-il cet effet-là ? Je ne veux pas savoir, je veux juste qu’entre deux prises, il soulève ma robe et qu’il s’enfonce au plus profond de moi.

Je ne savais pas comment m’habiller, et bien c’est décidé, aujourd’hui je vais me mettre en robe. La rouge, légère et cintrée avec un magnifique décolleté carré. Je me maquille sobrement et j’applique un rouge à lèvre couleur sang, qui s’associe parfaitement avec mon vêtement. Je suis prête ! Pour quoi faire ? Pour enregistrer, pas pour draguer. Enfin les deux. J’aurais pu penser que cette attraction était une forte source de déconcentration, mais en fait c’est tout l’inverse. Son regard sur moi me pousse à me dépasser. Je crois que je veux le fasciner.

La matinée au studio se déroule le plus naturellement du monde. Même si j’ai toujours des fourmis dans le corps je n’ai rien senti venant de lui. Finalement je le trouve assez distant ce matin et je finis par me convaincre que je n’ai fait que la rêver, cette envie mutuelle de rapprochement. Je lui propose de déjeuner ensemble, il m’a simplement répondu non, qu’il n’était pas dispo. Il n’est même pas désolé, il ne me propose rien, moi qui m'attendais à : « Pourquoi pas demain ». Je déraille complètement.

L’après-midi, ça empire. L’ambiance est devenue bizarre, le feu en moi se transforme en banquise glaciale. Je le méprise, juste parce que mon ego a pris un coup. Moi qui pensais tant lui plaire, je me sens idiote d’avoir été charmeuse et mielleuse. Du coup je me transforme en biatch reine des glaces.

Mais je ne lâche pas mon rêve et pourquoi je suis là : j’enregistre, ma musique, celle qui passera bientôt sur toutes les ondes de radio. Toujours avec plus de force toujours avec plus d’intensité, parce que là je ne veux plus lui plaire, je veux l’impressionner et lui faire regretter.


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