Cinq Jours au studio - Jour 4

Avant de lire le jour 4, je vous invite à lire le jour 3


Jour 4 – Sylvain

Plus que deux jours mec, tient le coup. Heureusement que je n’ai pas déjeuné avec elle hier. Sa robe rouge délicieuse me donnait envie d’y balader mes doigts. Ses cheveux attachés libérant sa nuque, mais bon sang, ai-je déjà eu autant envie de croquer dedans ? La froideur est ma meilleure arme, je ne veux pas perdre mon boulot, je dois gagner cette lutte de tous les instants. En tout cas, ce refus m’a beaucoup aidé. Elle ne va pas continuer à me faire ce numéro de charme ingérable, j’ai l’impression de l’avoir vexée. Je n’avais pas été expansif les premiers jours, mais elle a tout de même senti toutes les envies charnelles qu’elle m’inspirait. Elle n’est pas idiote, certainement qu’elle a dû le lire dans mes yeux. Il est possible que j’ai été un peu trop distant finalement.

Sandra arrive au studio en jeans, tee-shirt. Moins « sexy », mais pas moins sensuelle.  Peut-être veut-elle me montrer qu’elle n’en a plus rien à faire de me charmer. Depuis le début, j’ai l’impression qu’elle me parle avec ses vêtements. Je sais qu’ils sont choisis avec intention. Le message du jour est peut-être froid, mais moi il me donne tout de même chaud. Je devine ses seins rebondis, et ses tétons qui dessinent un petit rond de chaque côté de son haut blanc. Elle ne porte pas de soutien-gorge et cela me donne encore plus envie de glisser ma main pour rencontrer sa peau, sentir ses auréoles texturées sous mes doigts et presser ces deux extrémités jusqu’à l’entendre soupirer. Cette femme me rend fou. Cette femme me fait craquer.

— Salut Sandra, comment tu vas aujourd’hui ? Je lui demande en souriant.

— Ça va, me répond-elle froidement.

Je l’ai vraiment vexée hier ou alors ce nouveau comportement est lié à autre chose, mais quoi ? Quelque chose l’a froissée ? Du coup, je me radoucis, la voir de mauvaise humeur m’embête et je culpabilise un peu, pensant tout de même que j’y suis pour quelque chose.

— On a des reprises à faire sur deux chansons qu’on avait bouclées hier « tourment » et « Chasse-moi ».

— Ha bon je pensais que c’était ok…

— Oui, mais en bossant le mastering, j’ai repéré quelques passages à revoir.

— Merde.

— Ne t’inquiète pas, ce ne sont pas de grosses reprises, ça devrait aller vite. Et puis, tu es plutôt impressionnante avec ta voix, donc je ne doute pas qu’on ait rapidement le bon résultat.

Elle souffle un merci et sans un regard, elle s’éclipse aux toilettes. Mais qu’est-ce qui ne va pas chez elle ? Je me suis montré rassurant, mais elle semble vraiment avoir une dent contre moi. Cela m’agace, je ne veux pas qu’elle boude, je veux revoir ses yeux brillants sur moi, ceux-là mêmes qui me donnent envie de toujours plus. Et en même temps je devrais être content, moi qui avais peur de succomber. Comme un drogué au désir, à son retour je recherche son regard chaud et je me heurte à un mur.

Karl est posé à côté de moi, il ne soupçonne pas une seconde toutes les émotions qui peuvent m’animer depuis lundi. Je prétexte un problème technique pour la rejoindre en cabine. Karl peut nous entendre et nous voir à travers la vitre, donc peu importe ce que je m’apprête à faire, il faut que je sois discret. Mais je m’apprête à faire quoi au juste ? Jouer avec le feu : je ne veux rien et je veux tout. Je, veux rallumer son désir et je veux continuer de me retenir.

Sandra me regarde arriver interrogative, je lui explique qu’il y a un problème technique. Karl nous regarde dubitatif, j’imagine qu’il sait que tout fonctionne, il doit se demander ce que je fabrique. Qu’est-ce que je fabrique ? Je me place face à elle, je bidouille les branchements de son casque puis je la fixe, droit dans les yeux, sans dire un mot, je ne la lâche pas. Elle me regarde elle aussi. Je ne fais même plus semblant de réparer quelque chose, je la regarde seulement. Et j’attends que ça devienne incandescent. Chaque seconde dure une minute. Quand je vois ses joues devenir rouges et qu’elle baisse les yeux au sol, je repars immédiatement, je sais que j’ai réussi ce que je voulais : lui faire sentir le poids de mon désir et qu’elle ne résiste pas à me montrer le sien.

Je m’assois sur mon fauteuil à roulette quand Karl m’interpelle.

— Elle te plait c’est ça ?

— Non, pas du tout.


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